vendredi 15 février 2013

Interview de Zomekazot


(Réalisée début 2012 par Coping Asso)

Merci à eux pour leur gentillesse, leur extravagance et l'épaisseur de leurs couches de peinture.










Avant tout qui est "Zomekazot"? Quand j'ai vu cet énorme graff au Lovy, j'ai tout de suite imaginé un espèce de monstre surréaliste qui aurait craché toute sa fureur dans des jets de peinture et des explosions de couleurs intersidérales. Combien Zomekazot a-t-il de bras?

Zomeka : Nous avons en effet un petit dragon avec nous lors de nos déplacements. Sinon nous avons 4 mains et un cerveau qui fonctionne à peu près lorsque nous sommes connectés.
Fusion de Azot from Toulouse et Zomeka from Paris (plus ou moins)… on a des échelles aussi au bout des pieds et Azot a une option ressort.

Azot : Zomekazot c'est la belle et le bête, 4 mains gauches et la moitié d'un cerveau pour deux, d'ailleurs j'espère en avoir la garde bientôt même si c'est que pour quelques heures. Aucune prise de tête ou presque, très peu de sketchs, et de préparations avant les peintures. Explosion de couleurs, tags, persos, phases abstraites, des ronds, des carrés, des losanges, des contours ou pas, des traits, des angles droits, d'autres moins droit… une accumulation de choses simples qui devient alors un énorme bordel sans limites. Peindre le sol, le plafond est toujours quelque chose qui m'excite. Seul la nuit où la pénurie de peinture décide que mon graffiti est terminé. C'est aussi mes potes, mes crews npk, sk, cds, une recherche constante, et une envie de se plaire avant de plaire aux autres. A suivre…


Vos graffs sont assez atypiques et plutôt en rupture avec l'image "classique" qu'on peut en avoir, c'est-à-dire une suite de lettres composant le pseudonyme de son auteur. On parvient bien à distinguer un blaze au milieu de vos explosions de couleurs et de formes mais on s'aperçoit vite que celui-ci est désorganisé, déstructuré, que les lettres sont dans un ordre hasardeux et même éparpillées sur le sol, comme dans une négation de ce pseudonyme même, qui se perd et s'efface au milieu de tous ces fragments. Votre peinture exprime-t-elle des idées définies, est-elle réfléchie, a-t-elle un sens précis, ou bien est-elle plutôt spontanée, traduction picturale et instantanée de votre humeur au moment ou vous peignez? Peut-être est-ce un peu des deux, peut-être ne vous posez-vous même pas la question?

Zomeka : Moi les lettres ça me fatigue vite, surtout qu'il y en a 5 dans mon nom c'est trop long. Donc je m'appuie sur Azot et ensemble nous déstructurons ses lettres, tout en structurant une compo' abstraite basée sur une sorte d'alphabet de forme. Le reste après c'est un secret. Déjà j'en ai trop dit.

Personnellement je ne me pose pas la question. Il est difficile de me faire peindre quelque chose que je n'ai pas envie. C'est donc complètement spontané. Je peins des lettres depuis le début donc j'essaie quand-même qu'il en ressorte un peu aujourd'hui. Et forcément l'énergie que je donne à la réalisation de mon graff doit se ressentir à la vision de celui-ci. J'ai tout le temps envie de graffer donc je graff tout le temps. Si je fais le bilan et qu'il ne ressort que ça de ma vie c'est désolant mais c'est mieux que rien.


Votre peinture joue énormément sur la texture et sur le mouvement, travaille sur des surfaces très étendues, s'étale tant qu'elle peut, emprunte toutes les directions et les voies possibles, transcende les espaces en se propageant sur le sol, les vitres, en passant outre les portes et cloisons. On sent bien des influences qui vont au-delà de la "culture hip-hop". (Expressionnisme, abstraction lyrique, …) On ne peut pas s'empêcher d'évoquer Kandinsky en voyant vos réalisations... On pense également à l'Action Painting, mouvement artistique new-yorkais né dans les années 50, dont les artistes fondateurs peignaient en se basant exclusivement sur la notion de mouvement, lançant des pots de peintures à même leurs toiles ou sur les murs, dispersant des gouttes un peu partout en agitant leurs pinceaux, marchant pieds-nus sur les toiles, ... Pouvez-vous nous parler un peu de vos influences?

Zomeka : Moi j'aime bien Pollock, Richard Long ( un mec qui marche et qui trace des lignes dans le désert), l'univers de Druillet et de Métal Hurlant, et graffitiquement parlant, Sirius, Popaye, tout ce qui est chargé avec du mini mouchetis, et Roman Maartins . Après, je ne viens pas à la base du milieu Graff, j'ai traîné un peu mes pinceaux dans les univers fluo des soirées trance (allez donc voir le taff de Punkadelic) et puis après ce sont des rencontres qui te font comprendre que tu as le droit (et le devoir) de peindre comme tu veux, merci aux copains argentins Mart & Poeta, Jorge, et tous ceux qui sont OK pour ouvrir leur peinture, du genre tu me repasse je te repasse, j'te laisse un trou tu auras qu'à peindre dedans et laisse moi donc une ouverture que je m'y glisse…
Quand à transcender l'espace par la peinture je pense qu’il y est bien qu'il y ai une interaction entre la peinture et son support quand il peut y en avoir, presque comme si finalement la peinture devient guidée par ce qu'elle à sous elle et ce qui l'entoure. J'aime bien regarder les choses de près, comme les aspérités , les mettre en valeur par de multiples vaporations , je repense pour le coup au travail de Michel Blazy.

Sans faire mon médisant… j'ai décidé de ne plus trop m'imprégner de ce qui se passe dans le graffiti. Du coup, je continue à peindre pour le plaisir, influencé par ce qui m'entoure, ce que j'observe en ville ou dans nos belles campagnes de province. Mes plus grandes sources d'inspiration sont alors Orelsan, Johnny Halliday, sa femme, une douche, un bain, mon petit déjeuner, un livre, du cidre, le vide, des rides, un bol de soupe, un regard, des fesses, un cheval, une vidéo, une discussion, une exposition, un peintre, une couleur, une douleur, des mains, un accent, un paysage, une usine, un train, un animal, mon chien, un sandwich, de la fumée, un écho, une musique, Cuny Williams, Coluche, Gad elmaleh, ma tante, une mésaventure, un courrier, un son, une texture, un mur salle, un trait, les enfants, le feu, l'eau, une voie ferré, un cendrier, des cheveux, les années passées, celles à venir, des jambes, un dos, un grains de beauté, une rue, un banc, un lac, un arbre, un papier, une brique, un stylo, un marqueur, une ardoise, un incident, un incendie.


Vous êtes également en rupture avec le graff "classique" dans le sens où vos œuvres sont collectives et non individuelles. Est-ce un parti pris, un choix de travail ou éventuellement le fruit du hasard?

Zomeka : Le graffiti est collectif pour moi en premier réflexe. Au début c'est même plutôt synonyme de 15 gars sur un mur qui peignent ensemble une fresque, aujourd'hui je pense avoir évolué vers un rapport au graff plus individuel, plus comme un besoin personnel. Notre "œuvre" est individuelle bizarrement. On est un. Et dedans on est chacun aussi, tout en étant deux.

Avec la multiplication des crews, il y a quand même ce phénomène de travail d'équipe où chaque personne met sa pierre à l'édifice pour réaliser un Bloc Letters ou une fresque collective. Nous concernant, il est vrai que la méthode est particulière car à la fin on s'est plus trop qui a fait quoi et même nous on est parfois perdus. Ce qu'il est important de rappeler, quand-même, c'est que Zomeka existe sans Azot et Azot sans Zomeka. Chacun travaille aussi de son côté.







Depuis combien de temps peignez-vous ensemble?

Bah là, concernant le Lovy c'est la première fois où vraiment on s'est concentrés deux jours ensemble… sinon la légende voudrait que l'on se soit croisés à la laverie de Capestang en regardant un type peindre une machine à laver.

La vraie histoire est tellement mieux... Je pense que c'est surtout un gros coup de chance et que parfois le hasard fait bien les choses mais si vous saviez à quel point je regrette cette rencontre… Je suis autant dans la merde que vous vous allez l'être… à notre prochain passage à Tulle.

Collaborez-vous avec d'autres personnes pour peindre, vous arrive t-il de composer d'autres hydres graffeuses  à plusieurs têtes?

De temps en temps je vais peindre ailleurs et Azot aussi, on est un couple ouvert et libre, on a fait une peinture à trois avec Jorge cet été c'était bien sympa, le mur est situé en haut d'une montagne sur la commune de Rousset (Hautes Alpes), je vous engage à passer le voir.

Vraiment dans le sens « mélange », pour qu'il ne ressorte qu'une œuvre à la fin c'est difficile. Mais je peux citer les gars de mon crew avec qui c'est arrivé comme Babe ou Sismik. J'ai aussi bossé avec Caos, un pote de Nîmes. J'aime peindre avec des gens cool qui n'ont pas peur que tu rentres dans leur graff et vis versa. Amor, comme l'a cité Zomeka, fait aussi partie de notre petite famille de peintres bousillés du cerveau.

D'où vous vient votre passion pour le graff, comment y êtes-vous venus ? Avez-vous appris par vous-mêmes ? Avez-vous fait des écoles d'art, de dessin ?

Moi j'ai un Master I d'Arts Plastiques (ah enfin je peux le caler !), qui m'a surtout servit à croiser des graffeurs qui m'ont ensuite invitée à peindre, sinon je dessine mais pas trop et je peint quand je le sens..pas assez peut être…y'a Azot pour remonter la moyenne !
Gamine, j'ai toujours eu accès à des pratiques plastiques : aquarelle, acrylique, huile, masques en plâtres, en cuir, aérographes, peintures de murs et de sols, etc. J'ai été décoratrice pendant 10 ans pour des soirées électro et cette année je fête mes 10 ans de graffiti..ça passe vite…

Me concernant, aucune école particulière sauf peut être celle de mes potes et certainement celle du néant. Se retrouver seul face à un mur, et essayer d'être satisfait de son travail est un apprentissage très enrichissant. Je me suis souvent me poser la question de pourquoi je faisais ça? Et même aujourd'hui la réponse est floue. J'ai juste ce sentiment de me sentir exister et de repousser certaines frontières imposées par l'homme. J'ai toujours baigné dans la culture hip-hop et le graffiti s'est présenté à moi très naturellement.

J'ai remarqué dans les quelques graffs que j'ai vus de vous la récurrence de la date "2014". Quel est le sens de cette apparition redondante? Vous vivez dans un autre espace temps?

Bah comme ça c'est fait...

Ma carte bancaire se périme en 2014, mon oncle aura 54 ans, ça fera dix ans que j'ai eu mon brevet des collèges et si tout se passe bien j'aurais fais la première partie de Tina Turner alors pourquoi pas 2014?

Où aimez-vous peindre? Graffez-vous exclusivement dans des espaces réservés à cet effet? Pal mal d'espaces d'expression libre naissent dans les villes (sous forme de panneaux notamment). Ne pensez-vous pas qu'avec cette tendance, le graff perd sa dimension subversive et revendicatrice, qu'en étant reconnu et institutionnalisé, il change de statut, qu'il n'a plus le même poids politique que lorsqu'il était fait avec la peur d'être surpris et qu'il se retrouvait dans des endroits hautement symboliques ou bien là où personne ne l'attendait ou voulait le voir? La discipline n'est-elle pas en quelque sorte "domestiquée" en se voyant offrir des lieux de pratique dédiés?

Moi j'adore peindre au Lovy à Tulle, juste faudrait mettre plus de CD à écouter.
J'aime pouvoir prendre mon temps pour peindre, même si une fois lancée je peins vite. Je m'impatiente vite aussi. En ville c'est chouette de peindre avec le monde, les gens qui passent et qui s'étonnent, qui te sorte des trucs sur ta peinture que tu n'oserais même pas penser ( du genre: " là il fait un rond…là il met du jaune.." dixit une maman et son fils sur Toulouse). La peinture en performance m'exalte aussi, lorsqu'il faut jouer un temps donné en réponse à du son par exemple, permettre aux gens de se créer leur propre "envie de vue". Que devienne moins important pour soi le rendu que ce qu'il permet aux gens d'y voir. C'est eux qui sont la trace de ce que tu as peint. Plus que la photo ils se souviennent de ce qu'ils ont vu à un moment, puis disparaître au profit d'une autre image. Les gens ont besoin de reconnaître des formes il me semble. C'est pourquoi par moment j'infiltre des persos dans mes compos, plutôt en mode esquisse et restants vibrants ; très fan d'hyperréalisme, comme dans les peintures américaines des années 60, ou au XIXème avec le réalisme chez Géricault , je ne passe pas à une forme de peinture réaliste , un peu par manque de maîtrise de cette pratique et beaucoup par flemme de travailler aussi proprement et assidûment..


Concernant la dimension subversive et revendicatrice je crois qu'il faut l'avoir en nous avant de la poser sur quoi que ce soit et se méfier un peu du nouveau graffiti et street art revendicateur et subversif qu l'on voit proliférer sur les espaces publiques, l'important au final c'est de peindre, parce que cela fait longtemps que le graff est devenu un loisir quasi commercial, depuis que des shops font des bombes spécialisées quelque part, y'a un effet de mode depuis quelques années, les codes graff sont repris dans tous les sens ( fringues, sacs d'écoles, logos pubs etc), il est devenu plus facile de débloquer des murs, d'organiser des ateliers et de vendre des toiles. Cela ne change rien à la qualité de ta peinture au final, je pense que c'est même dangereux que cela plaise aux gens, ils aimeraient n'importe quoi parfois…

J'aime peindre partout ou j'en ai envie sauf chez les gens, toujours de peur qu'ils ne réagissent pas très bien. Depuis le début, j'ai toujours eu un petit penchant pour les entrepôts désaffectés (avec Sismik notamment). Le fait de donner une dernière petite touche de couleurs dans ces endroits sans signes de vie me procure des sensations exaltantes. J'y ai passé des heures incalculables et fait des découvertes géniales. Ce sont des endroits ou il y a une histoire très forte et pour la plupart, une fin assez tragique (incendie, dépôt de bilan…) A chaque fois je me demande si c'est mon graff qui met en valeur la photo ou l'inverse et quand il y a la fusion des deux c'est extraordinaire. Ces endroits paraissent insalubres, monotone, lugubres voir même vide mais dés que je franchis les débris j'ai cette sensation de fin du monde, de solitude où l'aiguille de l'horloge s'arrête. Je reprends vie que quand je ressors et putain qu'est ce que les gens se font chier dans leur quotidien. J'ai aussi peint dans des skateparks, des terrains vagues, des murs légaux en pleine ville, des voies ferrées, des camions, des voitures, des trains, des garages, des salons, des caravanes, des palissades, des gymnases, des granges, des femmes, des casquettes, des vélos, bref au maximum. Mais je n'ai encore jamais décoré d'avions, ou écrit ne serait-ce que la moitié d'un tag sur la lune.

De la même manière, en peignant sur des panneaux d'"expression libre", n'avez-vous pas le sentiment que votre peinture perd de sa "liberté d'expansion", que sa vocation à s'étendre, à exploser, déborder, transcender les astreintes spatiales se trouve amoindrie par un lieu/support aux limites définies ?

Un panneau de peint est un panneau de plus.

La plupart du temps, ces espaces sont occupés par des affiches publicitaires et la différence c'est que moi je n'ai rien à vendre, je donne mon œuvre à la rue et à ses consommateurs, sans aucune attente en retour.

D'ailleurs, ce passage progressif "du mur au tableau", cette déclinaison de "l'art de la rue", "brut", autodidacte, éphémère, subversif et sans d'autre appartenance que le milieu où il est produit (la rue), vers "l'art de chambre" (ou "de musée"), académique, monnayable, élitiste, ne traduit-il pas une transition de la pratique du graff du "peuple" vers "milieu bourgeois", ou du moins l’apparition d’une scission entre deux approches différentes d'une même pratique à priori?

Je pense que l'un n'enlève pas l'autre, on ne fait pas sur toile ce que l'on fait sur mur, il faut profiter de l'accès à un milieu qui conservera les œuvres dans le temps et qui injecte un peu de financement dans une pratique où tu passes ton temps à claquer des thunes dans des sprays que tu vas vider sur des murs. Payez-nous on fera peut être les finitions. Ne nous payez pas et je m'attacherai au moindre détail !
Certaines toiles Graffiti vont se vendre aujourd’hui parce que l'on leur reconnaît une valeur " historique", d'autres plus pour leur aptitude déco, finalement la mise en valeur d'œuvres graffs par le biais de ventes aux enchères , d'expos en galeries mène le Graffiti à sa place dans l'histoire de l'Art, comme une période à part entière, qui ne semble pas prêt de poser le clap de fin.
Il y a toujours eu une scission dans le sens où il existe depuis toujours cette "peinture de chambre", commerce que visent une bonne partie des peintres " classiques" qui se monnayent, qui s'exposent et se vendent. En général, le graffiti amène avec le graffeur un autre type de peintre qui, lui, assume de ne pas vendre son œuvre puisqu'il la pose en rue et l'y abandonne. Si le graffeur veux également faire comme tous les peintres je ne vois pas où est le problème.

Il y aura du graffiti business du moment qu'il y aura des peintres qui exerceront le truc dans la rue. Sans eux tout le reste n'a pas le droit d'exister. C'est grâce au graffiti dit "vandal" qu'il y a a des plans légaux et qu'il y a autant d'engouement autour de cette discipline. Tous les graffiteurs qui gagnent aujourd'hui de l'argent avec le graffiti sans l'avoir pratiqué en-dehors peuvent remercier ceux qui l'ont fait et qui le font à leur place. C'est donc super compliqué de créer une différence entre les deux. Mais l'art de rue continuera à perdurer, même si les galeries ou autres revendeurs n'en veulent plus. La question aussi c'est jusqu’où ça va aller ?

En même temps, avec la multiplication des moyens de surveillance (caméras, vigiles, alarmes) et la guerre « citoyenniste » et dissuasive qui est faite aux graffs "sauvages" (j'ai vu un panneau publicitaire d'avertissement à Limoges qui propose une amende de plus de 3000€ à celui qui voudrait s'aventurer à peindre les murs de la ville), on comprend qu'il soit de plus en plus dur de conserver cette "tradition" de la transgression des normes. D'autant que vos fresques de plusieurs mètres de haut ne sont pas des plus discrètes à poser...

Zomekazot existe essentiellement en légal. Désolée.

Zomekazot existe tout court. Ce n'ai certainement pas une amende qui me fera arrêter d'exécuter mon art. Après, prendre de la prison ne serait-ce qu'avec sursis juste pour de la peinture ça vaut pas le coût.

Qu'est-ce que ça vous procure de graffer? Votre peinture a l'air très spontanée, on sent votre investissement physique lorsqu'on regarde vos productions. Ça doit être super exaltant et libérateur de pouvoir s'exprimer comme ça, de mettre des couleurs, des formes sur des humeurs !

C'est super ludique. Après, ça colle sur les doigts, faut mettre des gants, et on tousse un peu le matin...

C'est bien mieux que de faire l'amour, se droguer ou boire de l'alcool. Mes meilleurs souvenirs et sensations je les ai rencontré par le biais du graffiti. Je ne regretterai jamais d'être tombé là-dedans. La première fois que j'ai peint à la bombe je me suis juste dit c'est ça que je voulais faire. Comment ? Je savais pas, mais c'est là-dedans que je voulais évoluer. J'y ai passé beaucoup d'énergie, des heures incalculables de mon temps, des sommes astronomiques dépensées pour sa cause, des litres de peinture vidées, des semelles usées, des pannes de bagnole, des kilomètres de sentiers sinueux arpentés…






Combien de temps avez-vous mis pour peindre la fresque du Lovy? Quel matériel avec-vous utilisé? Peignez-vous au feeling ou faites-vous des plans préalables? Vous inspirez-vous des objets qui vous entourent -notamment au niveau des couleurs- pour graffer? Quand on a vu le graff la première fois, on a remarqué qu'il y avait un vieux skate tout plein de couleurs fluorescentes des années 80 et un vieux canapé disposés au pied de celle-ci. Ils semblaient faire partie du graff tellement leurs couleurs semblaient correspondre... Ce n'est pas un hasard...?

Putain Azot je t'avait dit de ranger ta chambre avant de partir ! on est restés 48h enfermés dans le gymnase, avec des fraises, de la chantilly, un paquet de 16/64, du pâté et du jambon sec, et des litres de peintures qu'Azot avait ramenés (pour m'impressionner je pense), des sprays que l'on a triés par couleur, un esquisse Zomekazot.. on s'est bu une bière, mangé une fraise, mis de la chantilly sur le pâté et hop c'était parti… on regrette rien mais on a eu un peu peur que vous ne nous parliez plus jamais…

Vous qui passez une petite partie de votre temps dans ce gymnase, je tiens quand même à vous dire qu'il n'y a eu aucun rapport de type sexuel dans le Lovy. Vous pouvez vous asseoir tranquillement sur le canap' et continuer à vous servir de la planche de skate. C'est donc complètement par hasard que ces accessoires se sont retrouvés au milieu de tous ces coups de fat cap.

Vous arrive-t-il d'être payés pour peindre?

Oui. C'est pas cher d'ailleurs, contactez moi !

Oui mais c'est tellement bon de peindre sans être payé.

Avez-vous des pratiques artistiques parallèles, d'autres projets?

Oui. Une pratique perso, un projet Graffiti Equestre, un festival graff international dans les Hautes Alpes…Le Temps d'une Couleur (page de pub)

Faire la vaisselle, marcher, clouer et faire mon premier projet rap sur des instrus de Tiwaan avec un featuring de mon poto Loons.

Ça coûte cher le graff?

Oui, mais on y gagne tellement en rencontres, en voyages, en partages…

Financièrement le graffiti coûte forcément cher... humainement aussi.


Coping - 2012



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